Des sucres d’exception
Les enjeux commerciaux
La canne à sucre
au cœur de la production mondiale de sucre
Dans le monde, 110 pays sont producteurs de sucre. Le sucre de canne représente environ ¾ de la production mondiale et le sucre de betterave le ¼ restant.
La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique sont les seuls territoires européens à produire du sucre de canne. La Réunion, qui réalise de l’ordre de 80% des volumes, produit trois types de sucres dont les enjeux commerciaux diffèrent :
• Des sucres de spécialités
• Des sucres bruts
• Un petit volume de sucres blancs
Les enjeux et concurrents
de La Réunion sur le marché
européen des sucres de spécialités
A l’exception de la France à travers ses DOM (La Réunion, La Guadeloupe et la Martinique), les pays capables de produire des sucres de spécialités se trouvent en-dehors de l’Union Européenne. Ces sucres, caractérisés par leur couleur blonde, rousse ou brune issue des matières organiques de la canne à sucre, sont très prisés. Ils correspondent à un petit marché de niche représentant seulement 1,5% du marché européen du sucre (moins de 250 000 tonnes de sucre consommées par an pour une consommation européenne de sucre aux alentours de 15 millions de tonnes). Un petit marché attisant la convoitise de concurrents non européens de plus en plus nombreux.
Les concurrents historiques de La Réunion sur ce segment de marché bénéficient d’un accès au marché européen sans droits, ni taxes parce qu’ils font partie des pays les moins avancés (PMA) ou relèvent d’Accords de Partenariat Economique (APE). Il s’agit par exemple, pour les plus anciens, de l’ile Maurice, du Malawi, de l’Eswatini et du Bélize.
Depuis quelques années, de nouveaux concurrents sont entrés sur ce très petit marché et opèrent des pratiques très offensives aussi bien sur les prix que sur les volumes. Parmi eux figurent les pays d’Amérique centrale et de la Communauté andine. En effet, depuis l’entrée en vigueur en 2013 des accords de libre-échange Amérique centrale et Pacte andin, ces pays bénéficient d’un accès préférentiel au marché européen à la faveur d’une suppression des droits de douane sur des contingents de sucres exportés dans l’UE.
Conséquence récente des APE, d’autres pays PMA – APE, s’immiscent petit à petit sur ce marché des sucres de spécialités, une situation résultant d’un changement de stratégie commerciale en faveur des sucres à plus haute valeur ajoutée. C’est le cas du Mozambique, du Laos, par exemple.
Depuis une décennie, la filière canne-sucre de La Réunion demande donc systématiquement le maintien des droits de douane à l’importation en Europe des sucres de spécialités dans les nouveaux accords de libre-échange en cours de négociation.
Le défi
des sucres bruts
Les sucres bruts de canne sont des sucres destinés à devenir du sucre blanc après un processus de raffinage très majoritairement réalisé en Europe continentale. Ils sont en concurrence directe avec les sucres de betterave.
Les contraintes auxquelles fait face La Réunion (territoire escarpé, terrains pentus difficiles à cultiver, éloignement géographique, insularité, agriculture familiale caractérisée par des exploitations de petite dimension) accroissent les coûts de production qui ne peuvent être amoindris faute d’une restructuration déjà optimisée depuis des décennies.
L’écart de compétitivité historique entre la production ultramarine et celle du continent a été amplifié en 2017 avec la fin des quotas sucriers. Cette décision a eu pour conséquence une libéralisation du marché européen du sucre et une vague de restructuration des sucreries en Europe continentale. Les sucreries du continent ont pu réaliser des économies d’échelle contrairement à celles des DROM, du fait de leurs contraintes territoriales, creusant l’écart de compétitivité entre le continent et les Régions Ultrapériphériques (RUP).
Dans ce contexte, l’UE et la France ont mis en place des compensations permettant à l’industrie sucrière des RUP de rester compétitive sur le marché européen.
Les débouchés
des sucres blancs
raffinés à La Réunion
Si les goûts des consommateurs réunionnais portent plus sur les sucres blonds et roux de canne, l’industrie agroalimentaire locale a besoin de sucre blanc dans la composition de certaines de ses recettes.
C’est pourquoi, depuis 1999, la sucrerie de Bois-Rouge dispose d’une unité de raffinage lui permettant de fabriquer du sucre blanc. Les sucres blancs raffinés à La Réunion représentent une petite partie de la production totale et sont totalement consommés par les besoins locaux.
Indicateurs clés
1er poste d’exportation
70% des exportations réunionnaises de produits fabriqués à La Réunion en valeur (avec le rhum)¹
1er producteur européen
80% de la production européenne de sucre de canne est assurée par La Réunion
La production de sucre réunionnaise
environ 50% de sucres de spécialités, 50% de sucres bruts
La Réunion commercialise ses sucres de canne dans de nombreux pays européens
Depuis 2016
Les sucres de La Réunion sont labellisés RUP
¹ Données douanes 2023


